La musique en 2016, épisode II : Écoutes personnelles

Publié le par Eva Pigeon

Quelques temps après la première partie de ma review annuelle de la musique de l'année passée, voici comme promis la seconde partie : après un petit tour d'horizon des albums des tops, voici ce que j'ai aussi écouté en 2016.

La musique en 2016, épisode II : Écoutes personnelles

Ceux que j’attendais

Bien qu’ils n’aient pas spécialement figuré parmi les albums préférés des journalistes musicaux, 2016 était l’année de sortie d’albums que j’attendais pour certains depuis TRÈS longtemps, depuis un peu moins longtemps pour d’autres.

The Kills - Ash & Ice

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J'ai failli commencer avec deux groupes dont j'ai déjà beaucoup parlé ici, mais je préfère en fait débuter ainsi : 2016 a été l’année du retour d’un duo qui fait partie de mes classiques. The Kills sont revenus en juin dernier avec leur cinquième album Ash & Ice. La sortie de leur premier single "Doing It To Death" m'avait bien entendu enchantée en attendant de découvrir enfin le reste de leurs nouveaux morceaux. Plusieurs mois plus tard, je dirais qu'Ash & Ice est en fait le genre d'album que l'on apprécie un peu plus à chaque écoute.

Si j'avais au départ été un peu déconcertée par le nombre de chansons beaucoup plus calmes et atmosphériques que la majorité de ce qu'ont pu faire les Kills depuis leurs débuts, il se trouve qu'il s'inscrit bien dans la continuité de l'évolution du groupe qui fête ses quinze ans. Alternant entre des morceaux plein de l'énergie qu'on aime chez eux, comme "Doing It To Death", "Heart Of A Dog" ou "Impossible Tracks", et des moments beaucoup plus doux et mélancoliques comme les beaux "That Love" ou "Echo Home", le groupe a de fait construit un album plus équilibré que les précédents dans ses moments de nervosité et d'apaisement, en introduisant de temps à autre de petits effets de style nouveaux comme sur "Hum For Your Buzz". All in all un bon moment que j'ai repris le temps de découvrir récemment.

The Last Shadow Puppets - Everything You’Ve Come To Expect

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Évidemment, il fallait que je le cite à nouveau. Non contente d’avoir parlé d’abord de Miles et Alex, puis de leur premier LP ensemble, The Age Of The Understatement, puis de les avoir intégré à mes playlists, je me suis bien sûr essayée à un bien long article sur ce deuxième album que l’on attendait depuis tout de même huit ans. Ce fut long, mais Everything You’Ve Come To Expect est un tel plaisir pour mes oreilles et mes séances de playback que je ne leur en veux presque pas.

Pour de plus amples dissertations, vous pouvez bien sûr vous référer à ma review personnelle. Et maintenant on attend les Arctic Monkeys.

Puisque je vous ai noyés d'extraits de leur album dans ma chronique, voici un morceau qui ne réfléchit pas, et qui figure sur l'EP qu'ils ont sorti dans la foulée.

La Femme - Mystère

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Troisième groupe qui s’est fait attendre bien longtemps (un peu moins longtemps), mais pour une bonne raison qu’ils ont appelée Mystère : La Femme. Toujours un voyage vers des destinations musicales diverses, leur deuxième album se différencie de Psycho Tropical Berlin tout en gardant cette même variété incessante des atmosphères et des styles qui avaient rendu leur premier album si intéressant.

2016 fut aussi l'année de sortie des albums de certains artistes que j'ai suivis avec un enthousiasme qui a évolué, puisqu'en dehors de nos préférés incontestables, on a tous nos phases musicales et nos artistes du moment !

J'ai vraiment beaucoup écouté les uns comme l'autre, en particulier quand j'avais pu voir Jake Bugg sur scène après la sortie consécutive de ses deux premiers albums en 2012 et 2013, et Bastille également à la même période. Ma passion avait depuis eu un peu le temps de retomber, même si je réécoute encore de temps en temps les ballades du premier album de Jake et mes morceaux préférées de celui de Bastille. Je n'avais ainsi pas d'attentes ou d'impatience irraisonnées à leur égard... Et à vrai dire, tant mieux pour moi.

Bastille - Wild World

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Car j'ai effectivement fini par écouter ces nouveaux albums. Trois ans et demi après Bad Blood, Bastille a sorti en septembre Wild World, dont je n'ai absolument rien retenu malgré mes plusieurs écoutes. Je n'y ai retrouvé aucun des éléments qui avait fait de Bastille l'un de mes groupes à chansons-motivation. Si le groupe a toujours eu un côté électro-pop-rock, il avait sa propre manière de le faire sonner qui a disparu sur Wild World, pour laisser une longue succession de morceaux noyés les uns dans les autres sans grande distinction des sons ou des ambiances.

Jake Bugg - On My One

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Décevant donc à mes yeux, comme le fut également le troisième album de Jake Bugg, On My One, sorti en juin. Moyennement convaincue par le single "On My One", pas du tout par "Gimme The Love", j'ai tout de même écouté ce nouveau disque en entier. Et comme dans ces deux premiers singles, je n'y ai pas trouvé la qualité que j'avais appréciée sur les précédentes sorties de Jake, mais plutôt une juxtaposition de nouveaux essais de style globalement peu réussis. Je suis la première à dire que tout n'était pas mieux avant et que Jake Bugg, plutôt que de révolutionner un style, restait très bon dans son domaine. Mais alors qu'alterner entre la country-folk (pas trop mal réussie) de "On My One", la vibe classic hip hop de "Ain't No Rhyme" et même la ballade presque too much "Hope Love And Misery" aurait pu être une bonne idée, On My One est pour moi un album trop confus, parfois même un peu ringard, où l'expérimentation l'a emporté sur la qualité.

Peter Doherty - Hamburg Demonstrations

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Si j'avais bien fait de ne pas être trop impatiente au sujet des sorties de Bastille et Jake Bugg, j'ai en revanche apprécié l'écoute d'un nouvel album que je n'attendais pas spécialement, d'un artiste que j'apprécie tout de même plus spécialement, Peter Doherty. Revenu début décembre avec son deuxième album solo un an après la sortie d'un nouvel album des Libertines, Pete continue dans le folk/rock souvent plus proche de "You're My Waterloo" que de "Don't Look Back Into The Sun" sur Hamburg Demonstrations. Si certaines chansons de l'album peuvent être laissées de côté, notamment la version alternative de son single "I Don't Love Anyone (But You're Not Just Anyone)", très bien comme elle est sortie, on retrouve la délicatesse dont Doherty sait faire preuve dans de jolies ballades, et la nonchalance de sa voix accompagne aussi de bonnes chansons plus rock comme "Kolly Kibber", "Birdcage" ou "Hell To Pay At The Gates Of Heaven".

Des découvertes

Mais on s'ennuierait bien sûr si l'on n'écoutait que les artistes que l'on connait déjà. En 2016, j'ai aussi fait la découvertes de quelques groupes particulièrement sympathiques.

Glass Animals - How To Be A Human Being

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Dans un style assez différent de tous les albums que j'ai pu mentionner jusqu'ici dans cet article, celui de Glass Animals est sorti cet été. Alors que j'avais fait la connaissance du groupe à travers une diffusion de l'un de leurs concerts sur Arte il y a environ un an, j'ai progressivement découvert les morceaux de leur premier album et à la sortie des singles de How To Be A Human Being, j'ai décidé de l'acheter. Avec une pop colorée aux influences R'n'B, des instrumentales variées et réussies et une atmosphère théâtrale, Glass Animals offre un album que l'on peut à la fois laisser en fond sonore, mettre plus fort pour danser ou écouter en marchant seul dans la rue. De l'ironique "Life Itself", qui ouvre l'album, au planant "Youth" en passant par l'étrange "Pork Soda" et le quasi-enfantin "Season 2, Episode 3", l'écoute est pleine de surprises sonores qui vous mettent de bonne humeur.

YAK - Alas Salvation

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Nouveau changement de registre, comme j'en avais déjà parlé à travers mes playlists de l'été puis de novembre dernier, mon écoute du premier album de YAK cet été m'a fait revenir avec plaisir à mes amours du rock garage et bruyant. Pour reprendre la description que j'avais alors faite du premier album du trio anglais, Alas Salvation alterne entre des titres très bruts comme le très vif "Victorious", qui ouvre l'album, le plus punk "Use Somebody", et d'autres, plus lents et mélancoliques, comme le progressif "Doo-Wah" ou "Please Don't Wait For Me", qui m'a un peu fait penser à Grizzly Bear et qui, à la façon de "Let's Pretend" de Drenge, conclut un premier album très réussi. 

Blossoms - Blossoms

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Je suis également restée dans le rock en découvrant cet automne l'existence de Blossoms. Cinq anglais qui, une fois semble être coutume, n'ont globalement pas plus de 25 ans mais commencent à s'imposer sur la scène indie avec un premier album du même nom. J'ai eu l'occasion de les voir début janvier à Paris, au Point Éphémère, où Declan McKenna a assuré une première partie tout aussi réjouissante que le set de Blossoms. Si l'on ressent clairement chez eux des influences des Beatles comme des Arctic Monkeys, il travaillent parfois des sonorités qui font aussi penser aux Growlers comme sur "You Pulled A Gun On Me" ou un côté qui m'a rappelé Miles Kane en solo. Des mélodies bien souvent très accrocheuses, comme celle de "Blown Rose", finissent d'en faire un groupe que vous devriez sans doute écouter si vous appréciez les références ci-dessus.

L.U.H. - Spiritual Songs For Lovers To Sing

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Conseillé par un fan de l'unique album de WU LYF, le duo L.U.H. (Lost Under Heaven) a sorti en mai 2016 son premier album où l'on reconnait la voix unique d'Ellery Roberts, accompagné d'Ebony Hoorn. J'avais également inclus le single "I&I" à ma playlist de cet été, alors que je commençais à découvrir l'atmosphère de Spiritual Songs For Lovers To Sing. C'est surtout une puissance qui en ressort, comme celle de "Beneath The Concrete". Une voix déchirée sur des sons révoltés, entre guitares et synthés atmosphériques et saturés et percussions résonnantes, et des chansons où des phrases musicales hypnotisantes se superposent à l'énergie du fond, comme sur "I&I", "Lament" ou Unites". C'est d'ailleurs sur "Unites" que le groupe a terminé il me semble son concert à Tourcoing en novembre dernier, en conclusion d'un set d'une égale sincérité.

Approfondissement des classiques

Bien sûr je continue aussi de découvrir, en parallèle des sorties récentes, les artistes les plus anciens dont les oeuvres servent encore d'appui à Jake Bugg comme à La Femme. Ici naturellement Jake Bugg est sans doute plus concerné par Bob Dylan, et La Femme par Gainsbourg.

Bob Dylan

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Première coïncidence, c'est surtout au printemps dernier que j'ai commencé à découvrir Dylan, l'année où il a été le premier songwriter à recevoir un Prix Nobel de littérature. Faute d'avoir un conseiller fan d'un album en particulier, un best-of est parfois une bonne manière d'aborder l'oeuvre d'un artiste présent depuis si longtemps. Surtout avec ses classiques aux tendances folk, country ou blues et bien sûr, son travail des paroles pour lequel il a toujours été reconnu: "Mr Tambourine Man", "Blowin' In The Wind" et "Hurricane" font partie de mes préférés pour l'instant mais comme il est difficle de parler d'un artiste aussi reconnu quand on le connait encore peu, je vous laisse avec un live de 1964.

Serge Gainsbourg - L'Homme À La Tête De Chou

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Indice dans ma playlist de novembre: j'ai découvert cet automne L'Homme À La Tête De Chou, album narratif de Gainsbourg sorti, coïncidence encore, quarante ans auparavant. Il faut croire que c'est un concept qui me plait particulièrement, puisqu'avec Histoire De Melody Nelson, il est l'allbum de Gainsbourg que j'ai préféré jusqu'à maintenant. Tout aussi bien construit, tout aussi envoûtant, par moments angoissant, cet album est encore l'histoire d'une rencontre, cette fois entre le narrateur et Marilou. De métaphores en ambigüités, les jeux de mots et les sonorités se superposent à des instrumentales travaillées

Ma préférée reste "Variations sur Marilou", mais je l'ai déjà postée ici

Publié dans Musique, Best of the year