Jake Bugg

Publié le par Eva Pigeon

Jake Bugg est un jeune chanteur, guitariste et compositeur anglais originaire de Nottingham, dont le premier album est sorti il y a à peine plus d'un an, mais qui vient déjà de revenir avec un nouveau CD.

Son talent et sa productivité me forcent un peu à écrire un article sur lui, je crois, non?

Photo Andy Willsher

Photo Andy Willsher

Comme d'habitude, j'aimerais vous raconter comment j'ai été amenée à écouter Jake Bugg mais cette fois-ci, je crois que je vais vraiment en être incapable. Je sais juste que je le connais depuis environ un an et demi, un peu avant qu'il ne sorte son premier album "Jake Bugg". En fait, je ne connaissais que quelques singles avant qu'on m'offre le CD cet été : "Lightning bolt", "Trouble town", et surtout "Two fingers" qui était mon préféré parmi ceux que je connaissais. Autrement dit, des chansons, sans dire que ce sont des hymnes rock grandioses, assez énergiques. Assez énergiques pour Jake Bugg. Parce qu'il faut dire qu'aujourd'hui même, Jake n'a que 19 ans, et c'est un calme timide qui le caractérise. Toujours est-il que ce sont ces chansons-là que j'ai découvert en premier, alors que j'ai appris qu'en fait, sur les 7 singles de l'album, les premiers notamment étaient plutôt des ballades.

"Jake Bugg"

Ce qui me mène habilement à un petit passage en revue de "Jake Bugg", l'album, que j'ai donc vraiment découvert cet été. Cet album, c'est une sorte de mélange des influences de Jake et l'expression sincère de quelqu'un qui fait vraiment de la musique parce que ça lui tient à coeur. Il est construit dans une sorte de progression que je n'ai pas encore vu utilisée à ce point par d'autres artistes,globalement des chansons les plus énergiques aux ballades. "Lightning bolt", "Two fingers", "Taste it" sont dans un esprit d'énergie et d'aller de l'avant selon moi, "Seen it all", en gardant un certain punch, tend déjà vers la mélancolie qui nuance un peu le morceau et fait progressivement pencher l'album vers sa seconde partie. "Simple as this", entame bien la transition et on entre, avec la courte "Country song" ("Fire", qui clôt l'album, dure elle aussi moins de deux minutes), dans une succession de chansons globalement plus calmes avec juste un petit sursaut, "Trouble Town" qui vient nous réveiller un peu après 'Broken". "The ballad of Mr Jones" forme à nouveau, avec ses envolées, un retour au calme. "Slide", "Someone told me", "Note to self" et "Someplace" sont de très belles chansons d'amour, entre des phrases presque murmurées et des notes puissantes tenues plus longtemps. "Fire" ferme l'album avec ses accents un peu enjoués - enjoués, pour Jake Bugg. Et si j'ai parlé de ses influences, c'est qu'on entend à la fois des morceaux vraiment folk, comme "Slide" ou "Broken" (mes préférées), et d'autres plus country (comme "Lightning Bolt", même si elle est électrisée) ou blues/blues-rock… Je suis moi-même en train de découvrir Johnny Cash, et il est clair qu'on comprend qu'il est un des artistes qui inspirent Jake Bugg.

"Two fingers" : C'est avec cette chanson que j'ai découvert Jake Bugg.

De Shangri La à l'Olympia

Il est productif, puisqu'il a sorti son deuxième disque, "Shangri La", en novembre. Je l'ai écouté aussi, bien sûr. En fait, je suis allée voir Jake en concert à l'Olympia 3 jours après la sortie du disque, donc je l'ai à la fois découvert en l'écoutant plusieurs fois avant le concert, et ensuite avec les chansons qu'il a décidé de jouer ce jour-là. Encore une fois, il oscille entre le rock, le blues, la country et le folk. "What doesn't kill you" , courte et rock, puis "Messed up kids" avec son tempo rapide, et "Slumville Sunrise", sa mélodie tendance country un peu obsédante et son clip surréaliste, donnent le ton d'un album dans l'ensemble légèrement plus énergique que le précédent, ouvert par "There's a beast and we all feed it". On y trouve aussi de très belles chansons comme "Simple Pleasures" ou "A song about love" (mes préférées). Et oui, mes chansons préférées de Jake Bugg sont toutes des chansons d'amour avec une guitare sèche, et encore plus depuis que j'ai pu le voir les jouer sur scène, d'autant que j'étais au premier rang de la fosse, juste devant son micro…

Jake Bugg

Quand on se retrouve dans une situation comme ça, on ne ressort pas indifférent de la salle. J'ai laissé entendre auparavant que Jake Bugg n'était pas très énergique ou enjoué, c'est vrai, il ne sourit pas beaucoup et il a dit lui-même "I think people think I'm a grumpy twat" (Je pense que les gens pensent que je suis un connard grincheux), mais il a fait des progrès dans la communication avec le public, nous avons eu droit à quelques sourires et même des réponses à ce qu'on lui disant depuis le public. Dans tous les cas, je pense qu'il ne faut pas oublier qu'il n'a que 19 ans et que même s'il devient connu, Jake est encore jeune et a le droit d'être timide. Personnellement, ça m'importe peu, parce qu'il fait très bien ce qu'on attend de lui en premier lieu : de la musique. Le voir sur scène permet à la fois de se rendre compte de la maîtrise qu'il a de sa guitare et de ce que ses chansons signifient pour lui. Le voir jouer avec cette espèce de nonchalance qui le caractérise en général, et passer de la guitare sèche à l'électrique, se balader sur la scène pendant les parties instrumentales (j'en profite pour parler de la version live de "The ballad of Mr Jones", plus électrisée et très réussie) m'a fait penser qu'il portait son instrument comme un accessoire naturel de sa voix. Sa simplicité et son efficacité font qu'il a pas besoin d'être accompagné par plus qu'un bassiste et un batteur (d'ailleurs des amis proches, il me semble), qui sont même sortis de scène pour laisser Jake seul avec sa guitare face au public pour une série de chansons vraiment puissantes émouvantes au milieu du concert ; le silence qui régnait parfois dans la salle peut donner un indice de la force des interprétations d'un chanteur qui s'investit et s'ouvre à son public à chaque morceau.

Bref, au cas où vous n'auriez pas compris, j'aimais bien Jake Bugg, je l'aime encore plus depuis que j'ai eu l'impression qu'il jouait un live juste pour moi. Il a vraiment du talent - apparemment Philippe Manoeuvre, que j'ai aperçu à l'Olympia, est de mon avis - et j'espère le revoir bientôt, peut-être dans un festival cet été?

Je vous laisse avec quelques autres chansons et vidéos…

"Slide". Elle est tellement belle.

"What doesn't kill you" : Quand Jake met un perfecto, c'est bien aussi.

"A song about love", live on Later with Jools Holland : Je pense que la vidéo donne une bonne idée de ce Jake dégage sur scène.

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