Mes classiques : The Last Shadow Puppets & The Age of the Understatement

Publié le par Eva Pigeon

Mes classiques : The Last Shadow Puppets & The Age of the Understatement

Je n’ai jamais vraiment compris pourquoi The Last Shadow Puppets avaient choisi ce nom qui fait plutôt penser à une sorte de groupe gothique obscur, mais quand on sait que la moitié de ce duo est le leader d’un groupe appelé Arctic Monkeys, on ne cherche plus forcément à comprendre. The Last Shadow Puppets est donc un duo, Alex Turner, auteur-compositeur-interprète et guitariste du groupe prodige qui a battu des records dès la sortie de son premier album, et Miles Kane, chanteur et guitariste des éphémères Rascals, désormais en solo.

Mes classiques : The Last Shadow Puppets & The Age of the Understatement

L’unique album de ce projet est sorti sur l’excellent label Domino Records (Arctic Monkeys, mais aussi The Kills ou Franz Ferdinand, entre autres) en 2008 et on ne s’en lasse pas depuis. C’est le genre de disque que j’ai écouté tellement de fois en entier que je suis parfois un peu perturbée quand j’écoute l’une de ses chansons sans qu’elle soit suivie par celle qui lui succède sur l'album. Car oui, écouter The Age of the Understatement, c’est entrer complètement dans une atmosphère bien particulière. En combinant leurs talents, les deux Anglais nous font passer par différentes émotions qui me semblent surtout osciller entre mélancolie amoureuse et agressivité sentimentale, avec un petit fond vintage déjà reflété par la photo sixties de la pochette. D’emblée, le premier morceau, qui porte le même titre que l’album, nous plonge dans une ambiance dramatique avec roulements de tambours et violons empressés. Il est suivi de “Standing next to me”, où les cordes se font un peu moins présentes tandis que la combinaison guitare-tambourin nous rend nostalgiques d’une histoire qu’on n’a pas forcément vécue. Et c’est finalement entre ces deux ambiances, l’une presque épique, l’autre plus intime, qu’on navigue au fil des chansons. “Calm like you”, “Separate and ever deadly”, “I don’t like you anymore” semblent asséner des coups par leurs montées en puissance entrecoupées de quelques brefs silences ; on est inquiété par l'ambiance mystérieuse de "The Chamber" ; ”My mistakes were made for you”, ou ensuite “Meeting place” et “Time has come again”, qui viennent clore l’album comme la dernière scène nocturne d’un film, nous racontent des histoires plus délicates où, au-delà des paroles, on ressent par les arrangements que l’affection est teintée de reproches.

Mes classiques : The Last Shadow Puppets & The Age of the Understatement

C’est donc par une cohérence travaillée et une émotion toujours présente que The Age of the Understatement se classe dans la catégorie des très bons albums. Le travail des deux garçons, que ce soit au niveau du songwriting (on pense bien reconnaitre le style imagé et singulier d’Alex Turner dans des extraits comme “About as subtle as an earthquake I know, my mistakes were made for you”) que de la composition, et leurs voix qui s’harmonisent ou se coupent mutuellement la parole, nous donne forcément envie de les voir revenir le plus vite possible. Malheureusement, bien que les deux évoquent régulièrement un possible retour en studio, ils semblent pour l’instant plus occupés, l’un par son groupe, l’autre par sa carrière solo. En attendant qu’ils se décident à lui offrir un successeur, on peut continuer d’écouter et de profiter de ce disque esseulé et des quelques faces B et reprises de Milex, comme on aime aussi les appeler.

“Meeting Place” lors d’une petite session aux Avatars Studio à New York.

Et, personal favourite, “Standing Next To Me” est toujours un grand moment de complicité en live, et rien n’a changé à part leurs cheveux.

2008 & 2013

Publié dans Musique, Albums