De la lecture pour l'été, pt. 2 : Pride & Prejudice

Publié le par Eva Pigeon

Après mon article à propos du roman le plus connu de Francis Scott Fitzgerald, je continue mes conseils de lectures estivales avec un autre roman, plus long, toujours anglo-saxon, mais qui nous fait traverser l'océan et reculer d'un siècle !

De Jane Austen : Pride & Prejudice (Orgueil & Préjugés)

De la lecture pour l'été, pt. 2 : Pride & Prejudice

En effet, fini le New-York des années folles, Pride & Prejudice se déroule en Angleterre au début du XIXe siècle. Publié en 1813 pour être exacte, il s'agit de l'un des romans les plus connus d'Austen, en tout cas grâce à ses multiples adaptations.

Je ne reviendrai une fois encore pas ici sur le Wet Shirt Firth de la BBC ni sur la géniale websérie des Lizzie Bennet Diaries ; je me contenterai de seulement mentionner l'adaptation qu'en a fait Joe Wright en 2005. C'est après l'avoir vue à la télé un soir de 14 juillet que j'ai absolument eu envie de lire le livre dont venait ce film.

De la lecture pour l'été, pt. 2 : Pride & Prejudice

Depuis je l'ai lu deux fois, la première en français, la seconde en anglais, avec le même plaisir. À force de la connaitre par coeur, je me demande parfois si l'intrigue de base n'est pas un peu cliché. Je préfère dire que non. L'héroïne, Elizabeth Bennet, est une jeune fille intelligente et indépendante qui vit avec ses quatre sœurs, une mère qui ne pense qu'à les voir mariées au plus vite avec un bon parti, et un père assez détaché de toute cette effervescence. Le roman débute avec la nouvelle de l'achat d'un domaine voisin par un très riche gentleman. La famille est amenée à faire la connaissance de cet homme charmant, Bingley, mais aussi celle de ses sœurs hautaines et de son ami Darcy, qui ne semble ne se satisfaire que de lui-même, mais qui est lui aussi très riche.

Voilà, dans les grandes lignes. Au cas où vous ne connaitriez pas encore l'intrigue, je vais rester évasive sur la suite. J'évoquerai simplement des histoires d'amour qui s'entremêlent avec des différences de classes sociales qui finissent par poser problème, une petite sœur incontrôlable et, bien entendu, l'orgueil parfois un peu trop affirmé de certains personnages. Evidemment, cela mène à des complications, des malentendus, des rencontres inattendues et finalement, pour conclure tous ces rebondissements, à une situation finale dont je doute encore à chaque fois qu'elle finira par arriver !

De la lecture pour l'été, pt. 2 : Pride & Prejudice

Là où je trouve que le talent d'Austen est le plus visible, c'est dans cette façon qu'elle a de faire naître des personnages qui semblent tous consistants, y compris parmi les moins impliqués dans l'intrigue, comme Mr Bennet. Leur personnalité se révèle par ce qu'ils disent, ce qu'ils font, ou les expressions de leurs visages, plus que par de longues descriptions. En fait, très peu de longues descriptions dans Orgueil & Préjugés, l'accent est plutôt mis sur les relations entre les personnages, qui n'évoluent pas toujours dans le sens qu'on attendait, même si l'on finit rapidement par soupçonner quel sera le dénouement - sans savoir comment on y arrivera.

Au risque de répéter ce qui a été dit des dizaines de fois à propos de l'écriture d'Austen, j'aimerais aussi parler de la présence de l'auteur et du narrateur, qu'on distingue souvent difficilement. Parmi les premières figures féminines qui se sont imposées dans un monde d'auteurs encore très masculin, Jane Austen a imaginé avec Elizabeth un très agréable personnage central. Ce n'est honnêtement pas vraiment un aspect "féministe" qui m'a fait le plus apprécier le roman ; il n'est pas son seul intérêt. Lizzie est intelligente, cultivée, indépendante et têtue, ce qui en fait à la fois une jeune fille en avance sur son temps par-rapport à la place des femmes dans la société, mais elle peut aussi nous agacer un peu quand ses qualités se transforment en défauts et que son orgueil prend le dessus. Elle est une vraie personne, quoi !

De la lecture pour l'été, pt. 2 : Pride & Prejudice

Enfin, à côté des personnages de Darcy, Lizzie et des parents Bennet, tous les deux très drôles, l'un dans son flegme fatigué, l'autre dans son enthousiasme un peu trop débordant et sa paranoïa, c'est le regard ironique sur certaines scènes du livre qui me plait. Le ridicule de personnages comme celui de Mr Collins s'exprime parfois de lui-même à travers leurs discours, mais une petite remarque narrative qui pourrait aussi bien provenir d'Elizabeth que d'Austen elle-même ajoutent une distance amusée qui fait toute la saveur de certaines scènes.

Je m'arrête ici en espérant vous avoir donné la curiosité de lire Orgueil & Préjugés. Même s'il convient à toutes les saisons, évidemment, c'est un roman que j'ai également lu en été, au style très agréable, accessible mais intéressante, et ce sont donc autant son intrigue et ses personnages que son écriture qui l'ont rangé sur l'étagère de mes classiques.

Et pour conclure cet article, quelques uns de mes passages préférés, en commençant par la célèbre et fort witty entrée en matière du livre !

It is a truth universally acknowledged, that a single man in possession of a good fortune, must be in want of a wife. However little known the feelings or views of such a man may be on his first entering a neighbourhood, this truth is so well fixed in the minds of the surrounding families, that he is considered the rightful property of some one or other of their daughters.

"What say you, Mary? for you are a young lady of deep reflection, I know, and read great books and make extracts.”
Mary wished to say something very sensible, but knew not how.

Mr Bennet à sa fille Mary

You expect me to account for opinions which you choose to call mine, but which I have never acknowledged.

Darcy

In spite of her deeply-rooted dislike, she could not be insensible to the compliment of such a man's affection, and though her intentions did not vary for an instant, she was at first sorry for the pain he was to receive

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